Écrits pour jours de pluie

Parce qu'un jour l'averse cessera de tomber.

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C’était sur une route nationale de Bretagne 
Sur ce chemin désert, sa mini grise comme la campagne 
La conduisait vers une longue histoire.

Elle était jeune, brune, jolie, grisée, 
Il était quatre heures du matin 
La lumière de ses deux phares, noyée dans l’illumination d’une intersection
Éclaire trois lascards, un groupe de tocards 
Pas avare, elle se laissa faire par leurs pouces en l’air. 

Il me dit moi j’ai toujours préféré les prénoms féminins qui finissent en -a 
Tu vois comme pour Anne, moi je préfère Anna
Sur un coup du hasard, est au volant Nadia 
Il se dit qu’elle est plutôt jolie, qu’il la voudrait bien dans son lit, ou au moins contre lui. 
Mais voilà, il y avait ce géant, 
Un autre fou, 
Son nom était Marco 
Il venait de San Francisco 
Blond, un personnage de film indescriptible 
Trop grand pour la voiture miniature
L’écho de leurs cris raisonnant 
Couvre le moteur ronronnant 
Elle calme ces espèces de tocards 
Qui ont l’audace de se disputer, au lieu de monter !
Finalement entassés, le grand répète avec son fort accent américain 
Imité trente ans plus tard par les deux copains
« Je suis marcow de San Franscicow » 
Ils sont eux aussi grisés, par le destin 
Les faisant ressortir dans le noir de la nuit. 

« Je n’étais alors qu’à demi-folle », elle me dit
« Mais lui, il était déjà complètement parti » 
Dans cette mini, trop petite pour les contenir, 
Le blond répète avec son accent américain son histoire : 
Il se fait le Marco Polo des mythes celtiques.
D’une nuit pour lui; 
Mais qui allait devenir pour l’autre excentrique 
Celui d’une vie. 

Leur carrosse se dirige doucement vers un improbable château 
Dont le géôlier, aimable comme une porte de prison, 
Ne s’adresse à eux que par une petite grille
Au niveau des yeux.
Elle toise les quatre zonzons, leur bagnole, l’odeur de la gnôle, 
« Qu’est-ce que vous voulez ? »
Son ton vener exagère les voyelles comme des torgnoles. 
Ils repartent avec des pizzas 
À quatre heures du matin, au milieu de nulle part. 

Marco est rentré à San Francisco, 
Frédérique qui pour Nadia n’a plus la trique occupe maintenant la place avant sans concurrent 
Pour eux deux ? C’est assez grand. 
Elle est garée devant la maison, 
Sur une des trois places, c’est la troisième qui s’y succède, 
Confondue avec la grisaille
De Strasbourg, où se sont croisés nos courts séjours. 
C’est leur attelage, celui de leur folie, 
Celui d’une vie, 
Elle n’a pas pris une ride, 
Mais tous ont augmenté leur kilométrage. 
Elle se fait symbole, et nargue la hiérarchie stupide  
Pui pensait par la distance les séparer
Au nom de la conformité; 
Et empêcher leurs retrouvailles… 
Quelle blague !

Dans le flot de vin nous trinquons 
Au culot et à la vie 
De ceux qui ne sont pas saint d’esprit. 

Copyright Barbara Ferreres – 2024, Tous droits réservés, reproduction strictement interdite. 

Barbara Ferreres
Author: Barbara Ferreres

I’m an eatherable mass belonging to nowhere (better known as Barbara Ferreres) and the unreliable narrator of its own descent into the margins of society. It’s not that badn you should come and grab a tea sometimes. I love working with people, email me at tombelapluiepoetry@gmail.com. I would love it!

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